J’ai 27 ans, et il y a un an et demi, je me suis posé cette question pour la première fois :
« La pilule est-elle vraiment le meilleur moyen de contraception pour moi ? »
Après m’être informée auprès de sources multiples, avoir lu toutes sortes des témoignages et m’être laissé un moment de réflexion, j’ai décidé d‘arrêter la contraception hormonale. Après 13 ans de pilule, j’avais envie de connaître mon corps d’une manière qui me semblait plus « naturelle ».
Je suis donc allé chez ma gynécologue avec la ferme intention de passer au Dispositif Intra-Utérin, alias le DIU (« stérilet ») en cuivre. La pose s’est très bien passée, puis le médecin m’a remis un petit document qui indiquait la date du jour et la date de retrait, sans me donner plus d’indications.
« Et voilà, plus besoin de penser à la pilule tous les soirs, je suis libre pour 5 ans ! »
Du moins c’est ce que je pensais…
Et puis, un an après, j’ai réalisé un jour que mes règles avaient du retard. Je ne m’en suis pas inquiétée immédiatement, l’irrégularité étant assez fréquente pendant mes cycles. Mais deux jours plus tard, j’ai aussi commencé à avoir des nausées.
J’ai donc demandé à mon copain d’aller chercher un test de grossesse à la pharmacie. Je me suis enfermée dans les toilettes, j’ai attendu le résultat… positif ! Comment cela pouvait être possible ?
J’en ai fait un autre. Encore positif.
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À ce moment-là, nous sommes en plein week-end. Tout est fermé, et je commence à paniquer. Je m’interroge : j’ai 27 ans, des sous de côté, un appartement, un job… Je « pourrais » avoir cet enfant. Mais je n’en ai pas envie ! Et c’est pour cela que je prends une contraception ! Qu’est ce qui a bien pu mal tourner ?
Le lundi matin, je prends rendez-vous en urgence chez un médecin que je ne connais pas. Il est très gentil et compréhensif, mais quand je lui dis que je suis enceinte alors que j’ai un DIU en cuivre, il commence à paniquer. Il me recommande d’aller aux urgences immédiatement, sans me prescrire de prise de sang ou autre examen.
Il m’explique que c’est sûrement une grossesse extra-utérine à cause du stérilet et qu’il ne faut pas traîner. J’appelle mon copain, en pleurs, et me dirige vers les urgences, encore plus paniquée que la veille.
La gynécologue qui me reçoit est atterrée quand je lui raconte la réaction du docteur que j’ai vu plus tôt. D’après elle, une grossesse sous DIU n’est pas forcément extra-utérine, et le médecin n’avait pas lieu de m’effrayer autant ! Elle me fait une échographie pour découvrir que mon stérilet est placé très bas : il est, de ce fait, inactif. Elle me le retire donc.
Elle m’annonce par ailleurs que je suis enceinte de 4 semaines. Je peux mener cette grossesse à terme, ou entamer une procédure d’IVG.
Je m’octroie quatre jours de réflexion, puis prends rendez-vous dans un Planning familial où on m’explique les procédures d’avortement. Je prends la décision d’avoir recours à une IVG médicamenteuse.
C’est un cachet à prendre qui provoque des contractions et expulse l’œuf ; je passe une journée horrible, très douloureuse, pliée en deux sur le canapé, à gémir contre ma bouillotte.
Une fois l’IVG passée, je revois mon médecin pour la visite de contrôle. Elle constate que tout va bien et me propose de me remettre un DIU en cuivre. Je lui demande si ce qui m’est arrivé pourrait se reproduire et elle me répond que ce serait vraiment exceptionnel. On procède donc à une nouvelle pose.
Quand elle vérifie avec une échographie où l’objet se trouve, bizarre… Il était encore très bas, et ne serait donc pas actif !
Elle décide alors de me faire une échographie en 3D, m’expliquant que certains utérus sont en forme de cœur et ne sont pas propices au DIU. Ce n’est pas mon cas : pendant cet examen, tout semble « normal », et rien ne contre-indique cette contraception.
Elle me donne donc un autre rendez-vous pour mettre le stérilet, mais cette fois-ci avec deux médecins : un pour poser le dispositif, et l’autre pour vérifier en même temps, par échographie, que celui-ci est bien placé. Je vous laisse imaginer la situation, qui fut loin d’être une partie de plaisir…
Une fois le DIU posé, nous prévoyons de nous revoir dans 6 semaines pour pour contrôler que tout va bien. Par pure précaution, et avec un peu de méfiance, je lui demande si je peux également prendre la pilule pendant cette période histoire d’être sûre de ne pas tomber enceinte à nouveau : l’IVG est une expérience que je n’aimerais pas réitérer. Elle accepte.
Le lendemain de la pose, je commence à ressentir des douleurs qui ressemblent à des contractions. Jusqu’ici, tout est normal : c’est une réaction fréquente de l’utérus après avoir été stimulé par la pose d’un stérilet au cuivre. Mais les douleurs perdurent, jusqu’à ce qu’une semaine plus tard, je me retrouve à nouveau pliée en deux.
Je décide de retourner voir ma gynéco, en me disant qu’elle va finir par me donner une carte d’abonnement à la semaine !
Surprise… Le stérilet était à nouveau descendu, et donc à nouveau inactif. La troisième fois a été celle de trop : j’ai demandé à ce qu’on me retire ce bout de cuivre pour de bon !
J’étais à la fois épuisée par ces complications et frustrée qu’on ne m’ait pas informée de cette possibilité. J’ai l’impression que beaucoup d’informations ne sont pas accessibles aux jeunes femmes, et je déplore cette situation qui nous oblige à utiliser des contraceptions que l’on ne comprend pas vraiment.
Après ces évènements, mon rapport à mon corps a complètement changé. C’est étrange, mais je me suis sentie trahie par celui-ci, un peu comme s’ il en avait fait qu’à sa tête sans me demander mon avis. N’ayant obtenu aucune explication sur les raisons de ce rejet, je me suis fait ma propre réponse et je me dis que mon corps n’en voulait pas, du DIU !
C’est la leçon que je tire de toute cette histoire : chaque corps est différent, et une contraception ne vaut pas mieux qu’une autre. La meilleure, c’est celle qui vous convient le mieux, à vous et pas à une autre.
Aujourd’hui je reprends des hormones, un peu à défaut d’autre solution. Je suis très tête-en-l’air, donc j’ai opté pour un implant.
Peut-être que je me renseignerai à nouveau, plus tard, à la recherche d’autres solutions. Mais pour l’instant, cette « aventure » a été éprouvante pour moi, et je préfère pour l’instant remettre ça à demain ! En croisant les doigts pour que d’ici là, un chercheur ait l’idée de contraception fantastique, ou bien démocratise les moyens de contraception dite « masculine ». Car après tout, pendant l’acte sexuel, on est deux !
Julie Illegems est sage-femme, et elle accompagne ses patientes dans leurs parcours contraceptifs. En découvrant l’histoire de cette lectrice, elle souligne que même s’il arrive que les stérilets bougent après leur pose, c’est un phénomène très rare. S’il est important de savoir que cette possibilité existe, il ne faut toutefois pas s’en effrayer.
Elle explique que dans l’imaginaire collectif, on a beaucoup plus de mal à accepter une grossesse imprévue sous stérilet que sous pilule. Pourtant, aucun contraceptif n’est efficace à 100 %. C’est une réalité qu’il faut avoir en tête, sans pour autant en avoir peur.
Dans ces circonstances, le DIU reste un des moyens de contraception les plus efficaces : pendant la première année d’utilisation, on compte une moyenne de 8 % de grossesses sous pilule contre 0,8 % de grossesses sous stérilet au cuivre.
L’experte insiste aussi sur la nécessité de faire vérifier la position de son stérilet une fois par an, avec le médecin qui suit sa contraception :
Elle rappelle qu’il est aussi possible de s’auto-examiner. Cette pratique, qui repose sur des auto-examens vaginaux réguliers, permet aux patientes de localiser la position habituelle des fils de leurs stérilet et d’en identifier ainsi les mouvements ou changements potentiels.Beaucoup de personnes s’imaginent que la pose d’un stérilet permet d’être « tranquille » pendant 5 ans, et ne nécessite pas de suivi pendant cette période. Mais c’est faux : il est important de faire vérifier son stérilet une fois par an, au moins pour vérifier qu’il est toujours en place.
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